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NODIER


1780 – 1844




Charles Nodier, né à Besançon, eut la vie la plus accidentée du monde. On le vit tour à tour correcteur d’imprimerie, enlumineur d’estampes, professeur de littérature, journaliste, bibliothécaire, académicien. La variété de ses situations sociales ne fut égalée que par la variété de ses talents, car il cultiva la politique, l’entomologie, la philologie ; il fut bibliophile, romancier, historien, poète. La poésie lui porta d’abord malheur : une certaine Napoléonne, dirigée contre le premier consul, lui valut quelques mois de prison à Sainte-Pélagie. Il avait alors dix-huit ans ; on le relâcha comme fou. S’il n’avait point un grain de folie, il avait au moins une imagination exaltée et bizarre, le capricieux conteur de Trilby, de La Fée aux Miettes et de Jean Sbogar. Il ne tint pas rigueur à la poésie, publia des recueils de vers : Essais d’un jeune barde (1804), Poésies diverses (1827), et fut l’ami de tous les poètes du Cénacle. Chaque dimanche, il les recevait dans les salons de l’Arsenal dont sa fille Marie, poète elle-même et musicienne, faisait les honneurs. Alfred de Musset a immortalisé le souvenir de ces soirées en des stances délicieuses, réponse à des stances non moins jolies que lui avait adressées son hôte. Nous reproduisons les deux pièces ; elles évoquent la souriante figure, elles résument le délicat talent de celui que ses amis appelaient « le bon Nodier. »

A. D.


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