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L. DE RONCHAUD.



À genoux, étonné devant son propre ouvrage
                        Qu’il n’osait croire sien :
« Est-ce toi ? disait-il, vis-tu dans cette image,
                       Grand Zeus Olympien ?

« Est-ce toi, sur ton trône, ô majesté suprême ?
                        Ce fantôme adoré,
Zeus, est-ce toi fait homme ! Ou bien est-ce moi-même
                        En Dieu transfiguré ?

« Pour cette œuvre sublime en sa riche harmonie
                        Ophyr a donné l’or,
L’Inde a fourni l’ivoire, et moi de mon génie
                        J’ai versé le trésor.

« Car, tandis que le monde épuisait ses merveilles,
                       De ta divinité
Je tâchais d’entrevoir un rayon dans mes veilles
                       Pleines de ta beauté.

« J’ai composé ton front de tout ce que la terre
                        A de saint et de pur,
De tout ce que le ciel laisse voir de mystère
                        Au fond de son azur.

« J’ai composé ta lèvre au bienveillant sourire
                         De tout ce qu’a de doux
Le silence rêveur, quand le soir ne peut dire
                        Ce qui se passe en nous.

« Ton aigle est à tes pieds, la foudre en ta main gronde ;
                        J’ai mis le fier courroux
Sur tes conseils divins ; j’ai mis la paix du monde
                       Sur tes sacrés genoux.