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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Il trace des monts, des forêts,
Des lacs, des fleurs et des cyprès
        Je les efface.

La vie est rude et l’hiver froid.
On devient courbe au lieu de droit,
        Quand l’âge pèse.
À la Grand’Pinte on rit de tout ;
La gaieté retentit partout ;
        Là je suis aise !
Un instant de joie et d’espoir
Me fait voir en rose le noir
        Que j’ai dans l’âme…
Du bruit, du vin et des chansons !
C’est en soufflant sur les tisons
        Que sort la flamme !

Adieu, tristesses et soucis,
Quand, avec mes amis, assis
        Joyeux ensemble,
Nous ne buvons pas à moitié
En trinquant à notre amitié
        Qui nous rassemble.
Nous sommes quatre compagnons
Qui buvons bien, mais sommes bons,
        Dieu nous pardonne !
Un mort, il en restera trois,
Puis deux, puis un, et puis, je crois,
        Après… personne !


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