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GUSTAVE MATHIEU.

Les chants s’éloignent, se confondent,
En montant de la terre aux cieux.

Après nous avoir remis en mémoire Rome et Brennus, le poète déploie nos fiers drapeaux des anciens jours, quand, juché sur la hampe, Chante-clair passait dans la mêlée :


Et sous la mitraille enflammée,
En avant quand il faut marcher,
On l’aperçoit dans la fumée.,
Comme un souvenir du clocher.

Assurément ces vers-là doivent éveiller quelque chose dans le cœur rustique et simple qui bat sous la grosse capote des troupiers.

Dans les petites scènes d’intérieur, admirablement peintes, on aime à revoir Cenderinette. C’est une des rares chansons teintées de clair obscur, où une larme discrète glisse rapidement sur la joue enluminée du buveur et tombe silencieusement dans son verre. Il faudrait être un rustre grammatical pour chercher noise à quelques négligences de style, qui très souvent sont un charme de plus.

Pour résumer en quelques mots notre impression sur les œuvres du poète, nous dirons que sa Muse, très française et souvent gauloise, nous apparaît comme une svelte et riche meunière, dont le moulin commande un petit cours d’eau, frais voisin de la mer ; la belle paysanne peut suivre de l’œil la grande courbe du goéland dans son vol et saluer de regards amis l’émeraude filante du martin-pêcheur sous les saules verts-cendrés.

Son volume de poésies a paru chez Georges Charpentier en 1877, sous ce titre : Parfums, Chants et Couleurs. (La première édition avait été publiée à Lyon sous les auspices de Richard Wallace en 1873.)

André Lemoyne.
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