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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


« Triomphe en tenant à deux mains
Ta robe pleine de jasmins ;
Et puis, courant par les chemins,
          Va les répandre.
Viens ! tu prendras en le guettant
L’oiseau qui, sans but voletant,
N’aime ni ne chante, et partant
            Se laisse prendre.

« Avec ces enfants tu joûras ;
Viens ! ils tendent vers toi les bras ;
On danse tristement là-bas,
            Mais on y danse.
Pourquoi penser, pleurer ainsi ?
Aucun enfant ne pleure ici,
Ombre rêveuse ; mais aussi
            Aucun ne pense.

« Dieu permet-il qu’un souvenir
Laisse ton cœur entretenir
D’un bien qui ne peut revenir
            L’idée amère ?
— Oui, je me souviens du passé,
Du berceau vide où j’ai laissé
Mon rêve à peine commencé,
            Et de ma mère. »



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