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adoré aussitost qu’ils l'avoient connu, que les Juifs qui l'ayant connu les premiers l’avoient crucifié. S. Paul les instruit avec une telle sagesse, dit S. Augustin, qu’il oste aux uns & aux autres l’orgoeüil du propre mérite, & qu’il reunit ces deux peuples dans Jésus Christ, comme dans la pierre angulaire, parle lien de la grâce & par l’esprit d’humilité. Il confond premièrement les Gentils, en leur faisant voir l'aveuglement & l'impiété de leurs Philosophes ; & ensuite les Juifs, en leur montrant qu’ils faisoient euxmêmes ce qu’ils condamnoient dans les Payens. Il prouve par l’exemple d’Abraham, que nul n’est justifié comme prétendaient les Juifs par les œuvres de la loy destituées de la grâce ; & que la vraie justice vient de la foy vivante & agissante par la charité, comme il dit ailleurs. Il représente la plaie du peché originel, & le pouvoir de la concupiscence même dans les justes. Il explique la question profonde de l’élection & de la réprobation sur le sujet du choix des Gentils & de l'abandonnement des Juifs ; & il joint aux dogmes de la foy l’édification des mœurs, principalement dans les 5, 6, 8, 13 chapitres, où il établit tous les principes & tous les devoirs de la vie & de la pieté chrestienne. Cette Epistre a esté écritte de Corinthe l'an 57 de Jesus-Christ, 24 ans aprés sa Passion.