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la suite des versets. Ainsi y ayant quelquefois six ou sept histoires dans un même chapitre de l’Evangile, on met une petite distinction à chacune, avec quelques mots les plus courts qu’on a pu, qui font connoistre tout d’un coup ce qu’elle contient. On a fait la même chose non seulement dans les Actes, mais aussi dans Saint Paul & dans le reste du Nouveau Testament, quoy qu’avec plus de difficulté, & on a partagé les chapitres selon les matières & les points qui s’y traitent, en marquant dans ces petits titres ce qui a paru de plus important, de plus clair & de plus edifiant.

XIV. Voila ce qui regarde le géneral de la traduction. Mais on a cru devoir encore rendre ìcy raison de quelques mots, qui sont souvent repetez, & qu’on a traduits d’une manière qui paroistra peut-estre extraordinaire.

Gehenna, (grec gehenna) a esté traduit Enfer & non pas Geenne ou Gêne ; parce que le mot de Gêne signifie présentement autre chose en nostre langue que le mot de gehenna dans l’Evangile, qui y est mis certainement pour le lieu où les damnez sont brûslez, que nous appellons enfer : & gehenna ignis est un renversement Hébraïque pour ignis gehenna ; & ainsi c’est le feu d’enfer. Car quoiqu’il soit vrai qu’originairement gehenna ou ge hinnom, vallìs hinnom, ou gehen hinnom, vallis filii hinnom, fust un lieu de Jérusalem, où estoit une chapelle de Moloch appellée Tophet, où des Juifs par une superstition détestable brûloient leurs enfans, ou les faisoient passer par le feu en l’honneur de Moloch, qui estoit le Dieu des Ammonites, néanmoins le saint Roy Josias, ayant fait brûler des corps morts & toutes sortes d’immondices en ce lieu-là pour le rendre abominable, & détourner ainsy les Juifs de