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l’ajoûte dans le texte même avec cette marque [g.], qui signifie que les mots enfermez entre ces deux crochets ne se trouvent que dans le grec. Et dans les lieux où le texte grec est différent de la version vulgate, on met la traduction du grec à la marge, & celle de la vulgate dans le texte, excepté seulement en quelques endroits assez rares, où tous les habiles gens avouent que le grec est preferable au latin ; & alors on met la traduction du grec dans le texte, & celle de la vulgate à la marge.

XI. Pour le stile de cette traduction, on a tasché d’y conserver autant qu’on a pu l’air & le caractère de celuy de l’Ecriture. C’est pourquoy comme le stile de l’Evangile est extraordinairement simple, on s’est efforcé de representer dans la version cette admirable simplicité, en évitant les tours & les manières de parler, qui pouvoient ressentir l’éloquence humaine. La traduction de S. Paul a esté sans comparaison la plus difficile de toutes ; & l’on n’a pas cru s’y pouvoir mieux conduire, qu’en suivant l’idée que S. Augustin donne des Ecrits de ce S. Apôtre dans son quatrième livre de la Doctrine Chrestienne. Car il fait voir par des endroits entiers qu’il en cite & dont il examine toutes les parties, que Saint Paul a esté eloquent non en la manière que le sont les hommes à qui on donne ce nom, mais d’une eloquence toute Apostolique & toute divine. Il assure que Dieu a parlé par sa bouche tres-sagement & tres-eloquemment tout ensemble ; non que la sagesse ait recherché l’eloquence, mais parce que l’eloquence a accompagné naturellement la sagesse. Ainsi au lieu que dans les eloquens du monde les paroles ornent les choses ; dans S. Paul c’est l’éclat des choses mêmes qui rejaillit sur les paroles ;