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l'original hébreu ; & que la version latine du nouveau en retranche de même, plusieurs autres, dont l’original grec est susceptible. Et il est d’autant moins nécessaire de laisser tous ces sens indeterminez dans une version françoise de l’Ecriture, que le latin demeure entre les mains de tout le monde qui y peuvent voir tous les sens qu’il enferme ; au lieu que peu de personnes sçachant le grec & l’hebreu, on est privé en quelque sorte de tous les sens que la version latine en a retranchez.

On ne peut donc trouver à redire avec justice, qu’en suivant le génie de nostre langue, on ait déterminé quelques endroits qui ont un sens suspendu & indéterminé dans le latin ou dans le grec ; puisqu’il est sans doute plus avantageux aux simples, pour qui ces versions sont particulièrement destinées, d’y trouver un sens qu’ils entendent, que de n’y voir qu’une expression confuse où ils ne comprennent rien du tout. Mais comme il est néanmoins fâcheux d’estre privé de quelque sens considérable qui peut estre enfermé dans les paroles de l’original, on a tâché de remédier à cet inconvénient, ou en marquant expressément ces paroles suspendues & indéterminées de la lettre, ou en marquant à la marge ces divers sens dans lesquels les SS. Peres les ont expliquées : ce qui oste tout sujet de se plaindre qu’on retranche les sens de l’Ecriture, puisque ce qui ne se trouve pas dans le texte se trouve à la marge dans les endroits les plus importans.

IX. On a pu se tromper dans ce choix des divers sens, & on ne sera point étonné que des personnes habiles trouvent qu’on n’a pas toujours choisi le meilleur, sur tout dans S. Paul. On les supplie néanmoins de ne pas précipiter leur jugement, & de bien considérer auparavant ce qu’ont dit les Saints