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VI. Mais comme il y a peu de choses qui ne soient mêlées d’inconveniens, on reconnut par expérience que voulant suivre exactement cette règle de marquer la lettre sitost qu’on s’en éloignoit le moins du monde, comme l’on en avoit d’abord pris le dessein par la profonde vénération que l’en a pour les moindres paroles de l’Ecriture, on détruisoit entierement le fruit qu’on en pretendoit tirer. Car il arrivoit delà que les marges estoient tellement chargées de paroles qui paroissoient entièrement inutiles, comme de liaisons & de particules, que lorsqu’il y avoit quelque difference remarquable entre la traduction & la lettre, elle estoit comme étouffée parmi cette foule de mots où l’on ne pouvoit rien apprendre ; de sorte qu’on se seroit accoûtumé à negliger généralement tout ce qui estoit à la marge. On fut donc obligé de prendre un temperament dans l’observation de cette regle, & à se reduire à marquer seulement la lettre lorsqu’elle pouvoit avoir quelque chose de considerable & qu’elle pouvoit donner une idée un peu différente de celle que la traduction donne, afin que ceux qui prendroient la peine de lire les marges ne crussent pas leur temps toutafait mal employé, comme ils auroient fait sans doute si on avoit voulu continuer dans cette ennuyeuse exactitude. Par ce moyen on croit avoir remédié apeuprés à tous les inconveniens. Car on trouvera la lettre marquée dans tous les endroits, où il peut estre tant soit peu utile de sçavoir ce qu’elle porte : & quand elle n’est point marquée on peut s’assurer ou que la traduction est littérale, ou qu’elle est si peu différente de la lettre, que la diversité n’en est nullement considérable, ne consistant qu’en quelques particules, qui dépendent du genie de chaque langue.