Page:Lemaistre de Sacy - Nouveau testament, Mons, 1667, vol 1.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on n’a pas laissé de procurer cet autre avantage, que Saint Augustin remarque dans les traductions libres, qui consiste à exprimer le sens avec plus de force & de netteté.

II. On a porté cette exactitude jusques à marquer en Italique le mot de Jesus toutes les fois que Saint Paul ne se sert dans ses Epîtres que du nom de CHRIST ; parce qu’on n’est pas accoutumé en nostre langue à ne luy donner que ce nom, & que néanmoins l’on a esté bien-aise de représenter exactement le langage de Saint Paul.

III. Mais il est bon d’avertir, que quand on dit qu’on a eu dessein de représenter les paroles de l’Ecriture, on ne prétend pas neanmoins les avoir toujours rendues mot pour mot, y ayant plusieurs termes Latins & Grecs qui comprennent & qui donnent diverses idées qui ne se peuvent exprimer en François que par divers mots, & ces idées différentes y estant réellement contenuës, & faisant leur impression sur l’esprit de ceux qui les lisent, ce ne seroit pas estre fidelle que de ne les vouloir pas exprimer en plusieurs paroles, & de retrancher ainsi une partie du sens sous prétexte que l’Ecriture n’y emploie qu’un seul mot. Par exemple dans le premier chapitre de Saint Luc on a rendu ces paroles : Fuit in diebus Herodis Regis Judae Sacerdos quidam nomine Zacharias de vice Abia, par celles-ci ; [ Au temps de Herode Roy de Judée, il y avoit un Prestre nommé Zacharie de la famille d’Abia, l’une des familles sacerdotales, qui servoient dans le temple chacune en leur rang ] ou l’on voit que ces seuls mots de vice Abia sont exprimez par tous ceux-cy : de la famille d’Abia l’une des familles sacerdotales, qui servoient dans le temple chacune en leur rang.