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ce qui se passe en Dieu, & que c’est par cet Esprit & non par le sien propre qu’il doit apprendre ce que Dieu nous enseigne ; pour le guerir de cette langueur qui fait qu’il méprise aisément ce qu’il n’a point de peine à comprendre ; & pour luy renouveller toujours l’admiration & l’amour de la sagesse de Dieu en la luy faisant envisager sous des idées différentes & par des images & des representations toujours nouvelles ; & enfin pour luy faire goûter une joie d’autant plus grande, lorsqu’il aura compris quelqu’une de ces veritez cachées que le Prophete appelle des diamant, qu’elle luy avoit paru d’abord plus obscure, & qu’il aura eu plus de peine à la découvrir. Car S. Augustin nous assure, que cette joie est si vive & si pure dans une ame qui craint Dieu & qui ne cherche à le connoistre dans son Ecriture qu’afin de luy obeïr & de l’aimer, qu’il n’y en a point sur la terre qui en approche, & qu’elle est la plus grande consolation de ceux qui vivent encore dans cet exil. C’est ce que ce S. Docteur a renfermé dans ces excellentes paroles qui méritent d’estre bien considerées. Il y a, dit-il, dans l’Ecriture sainte de profonds mystères que Dieu tient cachez, afin de les rendre plus estimables ; qu’il nous laisse chercher longtemps, afin de nous exercer & de nous humilier par ce travail ; & qu’il nous decouvre quand il luy plaist, afin qu’ils soient la joie & la nourriture de nostre cœur. Sunt in Scripturis sacris profunda mysteriæ, qua ad hoc absconduntur ne vilescant ; ad hoc quaruntur ut exerceant ; ad hoc aperiuntur ut pascant.

Ce même Saint, dont l’esprir aussy humble qu’élevé a penetré avec plus de lumiere qu’aucun