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n’estoit plus que par l’impuissance où l’on estoit de s’en passer, jusqu’à ce qu’on en eust donné une autre.

C’est un effet qu’on ne sçauroit attribuer qu’au seul changement de la langue, & qui ne diminue rien de l’obligation qu’on a à ceux qui ont fait cette version. Ils ont servi l’Eglise de la meilleure manière qu’ils le pouvoient, & ils n’ont pu écrire que comme ils ont fait. Si nous avions esté de leur temps, nous aurions parlé comme eux ; & s’ils estoient du nostre, ils parleroient comme nous. Mais le fruit qu’on a reccüilli longtemps de cette traduction & qu’on en auroit pu espérer encore estant cessé par la peine qu’on a à s’accoûtumer au langage de ce temps-là, des personnes de pieté & des Evêques célèbres dont la vertu est révérée de tout le monde ont souhaitté avec raison que l’on s’employast à un ouvrage qu’ils jugeoient non seulement utile, mais necessaire à l’Eglise de France. Ils ont cru, que c’estoit un respect qu’on devoit à l’Evangile de ne le pas laisser dans un langage qui produit dans l’esprit de la pluspart du monde des impressions contraires à la veneration que l’on doit avoir pour un Livre si divin ; & que même c’estoit suivre l’esprit que l’Eglise fait paroistre dans toutes les autres choses qui appartiennent au culte de Dieu. On voit qu’elle a soin, que toutes les cérémonies qu’elle expose aux yeux des fidelles ayent quelque chose qui imprime du respect ; qu’elle desire que les vases qui servent au sacrifice, soient d’une matière precieuse ; qu’elle croit que c’est honorer Dieu que d’employer ce qu’il y a de plus riche aux ciboires & aux calices qui enferment le corps & le sang du Sauveur. Puis donc qu’on a tant de soin que tout ce qui approche du corps de JESUS CHRIST