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hors d’ici, et fermez la porte après elle.

18 Thamar était vêtue d’une robe qui traînait en bas ; les filles des rois qui étaient encore vierges ayant accoutumé de s’habiller de la sorte. L’officier d’Amnon la mit donc hors de la chambre, et ferma la porte après elle.

19 Alors Thamar ayant mis de la cendre sur sa tête, et déchiré sa robe, s’en alla en jetant de grands cris, et tenant sa tête couverte de ses deux mains.

20 Absalom, son frère, lui dit : Est-ce que votre frère Amnon a abusé de vous ? Mais, ma sœur, n’en dites rien à présent, car c’est votre frère ; et ne vous affligez point de ce qui vous est arrivé. Thamar demeura donc dans la maison d’Absalom, son frère, séchant d’ennui et de douleur.

21 Le roi David ayant appris ce qui s’était passé, s’en affligea fort ; mais il ne voulut point attrister Amnon, son fils, parce qu’il l’aimait, étant son aîné.

22 Absalom ne parla en aucune sorte de tout ceci à Amnon ; mais il conçut contre lui une grande haine, de ce qu’il avait violé sa sœur Thamar.

23 Deux ans après il arriva qu’Absalom fit tondre ses brebis à Baalhasor, qui est près de la tribu d’Ephraïm ; et il invita tous les enfants du roi à venir chez lui.

24 Il vint pour cela trouver le roi, et lui dit : Votre serviteur fait tondre ses brebis ; je supplie donc le roi de venir avec les princes chez son serviteur.

25 Le roi dit à Absalom : Non, mon fils, ne nous priez pas de venir tous pour vous incommoder. Et Absalom lui fit encore de grandes instances ; mais David refusa toujours d’y aller, et il lui souhaita toutes sortes de bénédictions.

26 Alors Absalom lui dit : Si vous ne voulez pas y venir, je vous supplie au moins que mon frère Amnon vienne avec nous. Le roi lui répondit : Il n’est point nécessaire qu’il y aille.

27 Néanmoins Absalom l’en conjura avec tant d’instances, qu’il laissa aller avec lui Amnon avec tous ses frères. Absalom avait fait préparer un festin de roi.

28 Et il avait donné cet ordre à ses officiers : Prenez garde quand Amnon commencera à être troublé par le vin, et que je vous ferai signe : frappez-le, et le tuez. Ne craignez point, car c’est moi qui vous le commande. Soyez résolus, et agissez en gens de cœur.

29 Les officiers d’Absalom exécutèrent donc à l’égard d’Amnon le commandement que leur maître leur avait fait ; et aussitôt tous les enfants du roi se levant de table, montèrent chacun sur leur mule, et s’enfuirent.

30 Ils étaient encore en chemin, lorsque le bruit vint jusqu’aux oreilles de David, qu’Absalom avait tué tous les enfants du roi, sans qu’il en fût resté un seul.

31 Le roi se leva aussitôt, déchira ses vêtements, se jeta par terre ; et tous ses officiers qui étaient près de lui, déchirèrent leurs vêtements.

32 Alors Jonadab, fils de Semmaa, frère de David, prenant la parole, dit au roi : Que le roi, mon seigneur, ne s’imagine pas que tous les enfants du roi aient été tués. Amnon seul est mort ; parce qu’Absalom avait résolu de le perdre, depuis le jour qu’il avait fait violence à sa sœur Thamar.

33 Que le roi, mon seigneur, ne se mette donc pas cela dans l’esprit, et qu’il ne croie pas que tous ses enfants aient été tués ; Amnon seul est mort.

34 Cependant Absalom s’enfuit ; et celui qui était en sentinelle levant les yeux, vit une grande troupe de monde qui venait par un chemin détourné à côté de la montagne.

35 Jonadab dit au roi : Voilà les enfants du roi qui viennent : ce qu’avait dit votre serviteur s’est trouve vrai.

36 Il n’eut pas plutôt dit ces mots, qu’on vit paraître les enfants du roi. Et lorsqu’ils furent arrivés, ils commencèrent a jeter des cris et à pleurer, et le roi et tous ses serviteurs fondirent aussi en larmes.

37 Absalom ayant pris la fuite, se retira chez Tholomaï, fils d’Ammiud, roi de Gessur ; et David pleurait son fils Amnon tous les jours.

38 Absalom demeura trois ans à Gessur, où il était venu se réfugier.

39 Et le roi David cessa de le poursuivre ; parce qu’il s’était enfin consolé de la mort d’Amnon.



JOAB, fils de Sarvia, ayant reconnu que le cœur du roi se rapprochait d’Absalom,

2 fit venir de Thécua une femme sage, et lui dit : Faites semblant d’être dans l’affliction : prenez un habit de deuil, et ne vous parfumez point, afin que vous paraissiez comme une femme qui pleure un mort depuis longtemps.

3 Ensuite vous vous présenterez au roi en cet état, et vous lui tiendrez tels et tels discours. Et Joab lui mit en la bouche toutes les paroles qu’elle devait dire.

4 Cette femme de Thécua s’étant donc présentée au roi, se jeta à terre devant lui ; et ainsi prosternée, elle lui dit : Seigneur, sauvez-moi.

5 Le roi lui dit : Quelle est votre affaire ? Elle lui répondit : Hélas ! je suis une femme veuve : car mon mari est mort.

6 Votre servante avait deux fils qui se sont querellés dans les champs, où il n’y avait personne qui pût les séparer ;