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qui paraissait s'étendre jusqu'aux extrémités du monde.

9 Ses feuilles étaient très-belles, et il était chargé de fruits capables de nourrir toutes choses ; les bêtes privées et les bêtes sauvages habitaient dessous, les oiseaux du ciel demeuraient sur ses branches, et tout ce qui avait vie y trouvait de quoi se nourrir.

10 J'eus cette vision étant sur mon lit ; alors celui qui veille, et qui est saint, descendit du ciel,

11 Et cria d’une voix forte : Abattez l'arbre par le pied, coupez-en les branches, faites-en tomber les feuilles, et répandez-en les fruits ; que les bêtes qui étaient dessous s'enfuient, et que les oiseaux s'envolent de dessus ses branches.

12 Laissez-en néanmoins en terre la tige avec ses racines, qu'elle soit liée avec des chaînes de fer et d'airain parmi les herbes des champs, qu'elle soit mouillée de la rosée du ciel, et qu'elle paisse avec les bêtes sauvages l'herbe de la terre.

13 Qu'on lui ôte son cœur d'homme, et qu'on lui donne un cœur de bête, et que sept ans se passent sur elle.

14 C'est ce qui a été ordonné par ceux qui veillent, c'est la parole et la demande des saints, jusqu'à ce que les vivants connaissent que c'est le Très-Haut qui a la domination sur les royaumes des hommes, qui les donne à qui il lui plaît, et qui établit roi, quand il veut, le dernier d'entre les hommes.

15 Voilà le songe que j'ai eu, moi Nabuchodonosor, roi. Hâtez-vous donc, Baltassar, de m'en donner l’explication ; car tous les sages de mon royaume n'ont pu me l'interpréter ; mais pour vous, vous le pouvez, parce que l'esprit des dieux saints est en vous.

16 Alors Daniel, surnommé Baltassar, commença à penser en lui-même sans rien dire, pendant près d'une heure ; et les pensées qui lui venaient lui jetaient le trouble dans l'esprit. Mais le roi prenant la parole lui dit : Baltassar, que ce songe et l'interprétation que vous avez à lui donner ne vous troublent point. Baltassar lui répondit : Seigneur, que le songe retourne sur ceux qui vous haïssent, et son interprétation sur vos ennemis !

17 Vous avez vu un arbre qui était très-grand et très-fort, dont la hauteur allait jusqu'au ciel, qui semblait s'étendre sur toute la terre ;

18 Ses branches étaient très-belles, il était chargé de fruits, et tous y trouvaient de quoi se nourrir ; les bêtes de la campagne habitaient dessous, et les oiseaux du ciel se retiraient sur ses branches.

19 Cet arbre, ô roi, c'est vous-même qui êtes devenu si grand et si puissant ; car votre grandeur s'est accrue et élevée jusqu'au ciel, votre puissance s'est étendue jusqu'aux extrémités du monde.

20 Vous avez vu ensuite, ô roi, que celui qui veille et qui est saint est descendu du ciel, et qu'il a dit : Abattez cet arbre, coupez-en les branches, réservez-en néanmoins en terre la tige avec les racines ; qu'il soit lié avec le fer et l'airain parmi les herbes des champs, qu'il soit mouillé par la rosée du ciel, et qu'il paisse avec les bêtes sauvages, jusqu'à ce que sept ans soient passés sur elle.

21 Et voici l'interprétation de la sentence du Très-Haut, qui a été prononcée contre le roi, mon seigneur :

22 Vous serez chassé de la compagnie des hommes, et vous habiterez avec les animaux et les bêtes sauvages ;vous mangerez du foin comme un bœuf, vous serez trempé de la rosée du ciel ; sept ans se passeront sur vous, jusqu'à ce que vous reconnaissiez que le Très-Haut tient sous sa domination les royaumes des hommes, et qu'il les donne à qui il lui plait.