Page:Lemaître - Poésies, 1896.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

61
puella

Et quand je croisais mon idole
Blanche dans son châle azuré,
Heureux et pris d’une peur folle,
Pâlissant et le cœur serré,

Avec une lente insistance
Je la saluais de très près
En plongeant un regard intense,
Longuement, dans ses yeux distraits.

Mais elle voilait sa prunelle
De ses longs cils bruns ; et tout bas
Je me disais : « Me comprend-elle ?
Pourquoi ne rougit-elle pas ? »

Et je recommençais bien vite :
Savant en l’art d’évoluer,
Je la croisais vingt fois de suite,
Mais n’osais plus la saluer.

Seul, lui présentant sa requête,
Mon œil sollicitait le sien…
Me voyait-elle, la coquette ?
Hélas ! hélas ! je n’en sais rien.