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puella

A peine si, de temps en temps,
Brusque et de royale manière
Elle rejetait en arrière
Ses cheveux noirs et long flottants.

Je l’admirais, déesse et nixe,
Le front calme, les doigts fiévreux…
Dans leur voyage aventureux
Je les suivais d’un regard fixe.

Ivre, je les voyais passer.
Ces dix doigts blancs que rien n’arrête,
Violents comme une tempête
Ou caressants comme un baiser.

Pâle sous leur vol, et stupide.
Je rêvais, prompt à m’effrayer.
Que mon cœur était le clavier
Où voltigeait sa main rapide…