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puella

Le flot alangui vient conter
Sa tristesse amère à la dune ;
L’Océan semble palpiter
Sous l’œil de sa blonde, la Lune.

Et, de Frascati reverdi,
La brise m’apporte, amollie.
Une romance de Verdi,
D’une ardente mélancolie.

Puissant et doux, tendre et vainqueur,
Cet air achève ma défaite.
Je sens descendre dans mon cœur
Mon pédantesque amour de tête.

Aimer de loin tient le cœur frais :
Mieux vaut brûler, quitte à s’éteindre ;
Et je voudrais l’aimer de près,
Dût mon pauvre Idéal s’en plaindre.

Cet astre est doux à voir briller.
Mais je suis sot quand il se voile.
Et, dût ma patte s’y griller,
Je voudrais décrocher l’étoile !