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puella

Cette fille est un canevas
Où, déroulant sa broderie
Aux dessins fiers et délicats,
Court ma splendide rêverie.

Elle me fournit le motif ;
Et j’enroule à ses mélodies,
Comme un virtuose inventif,
Mes variations hardies.

Seul, loin du vulgaire importun.
Je la respire fraîche éclose.
Sans trop savoir si le parfum
Vient de mon âme ou de la rose.

J’aime à la voir s’épanouir,
Fin calice aux odeurs divines ;
Mais, ne voulant pas la cueillir,
Je ne connais pas ses épines.

Je suis un platonicien,
Un rêveur adorant son rêve.
Du monde ingrat je ne crains rien :
Je n’ai pas peur qu’il me l’enlève.