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puella

Hélas ! quand je repris ma tâche,
Je rongeai mes ongles en vain.
J’étais à méditer plus lâche
Qu’un ivrogne cuvant son vin.

Un amour m’est venu, farouche
Et qui n’a point où se poser ;
Et, sans savoir sur quelle bouche,
J’ai soif et j’ai faim du baiser.

Mon œuvre, avec foi commencée,
Je ne puis plus la ressaisir.
Voilà que sombre ma pensée
Sous les brumes de mon désir.

L’éternel féminin m’assiège...
Ce désir obscur et pressant,
Sans but et sans frein, ne pourrais-je
Le maîtriser en le fixant ?

C’est une bizarre infortune
D’aimer vingt filles ; et je vais
Tout simplement en aimer une,
Rien qu’une, pour avoir la paix !