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après

J’ai, craintif et frôlant à peine
La fleur au fragile satin,
Respiré sa première haleine,
Ses parfums légers du matin.

A froisser ses tendres pétales
Lourdement, d’un baiser trop chaud.
L’odeur, sous des lèvres brutales.
D’abord s’exalte, et meurt bientôt.

J’en ai redouté l’aventure.
Je savais qu’on n’a rien trouvé
De mieux, sur cette terre impure,
Qu’un bel amour inachevé.

Je garde la fierté secrète
D’avoir, éphémère vainqueur,
Ému ta candeur inquiète
Et, le premier, rempli ton cœur.

De l’oublier, je t’en défie !
Rien ne saurait plus effacer
Mon passage à travers ta vie,
Et cela me plaît à penser…