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les ouleds-naïl

Elles dansent à petits pas,
Suivant une mesure lente,
Déployant la grâce indolente,
Les lignes souples de leurs bras ;

Et leurs mains agitant des voiles
Montrent et cachent tour à tour,
Appelant et fuyant l’amour,
Leurs yeux doux comme des étoiles.

C’est la vierge aux vœux hésitants
Qui résiste, cède et se pâme…
Elles miment l’éternel drame,
L’oaristys de tous les temps.

Et, tandis qu’une ardente houle
Soulève et tend leurs seins dressés,
Que sous les longs plis balancés
Leur ventre ému se gonfle et roule,

Comme étrangère au corps mouvant,
Leur tête demeure immobile ;
Sur leur bouche pure et tranquille
Dort un clair sourire d’enfant…