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lares

Rien ne manque au tableau. Tu le fis, vieux Voltaire,
A souhait pour l’horreur et de l’âme et des yeux,
Mais en homme de goût, d’une plume légère
Qui court, sans appuyer, dans son chemin fangeux.

L’œil vide, et contemplant ces misères profondes :
« Tout est bien, dit Pangloss, et Leibnitz a raison.
Oui, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. »
O le cruel refrain à la triste chanson !

Hélas ! est-il donc vrai ? La vie est ainsi faite ?
Et l’homme, vil jouet de la fatalité,
Méchant ou malheureux, quoi qu’il fasse, ô poète,
Doit souffrir sans espoir sous un ciel sans bonté ?

Quoi ! le monde est ainsi ? Soucieux, j’interroge…
Donc, Candide, ta vie est notre histoire ? Donc
De chaque illusion le Destin nous déloge,
Comme toi du château de Von Thunder ten tronckh ?

Est-il vrai qu’il n’est pas de sagesse meilleure
Que de s’envelopper de calme et de dédain,
De s’attendre toujours à tout, de prendre l’heure
En patience, et puis d’arroser son jardin ?