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les médaillons

Tel défaut, tel travers est pour un œil novice
Un ridicule : eh non ! c’est un malheur. Tel vice
Vous fait rire d’abord et vous pousse à railler :
Non, non, regardez mieux : il vous fera trembler.
Alceste est un bourru dont l’humeur noire amuse :
Oui, mais c’est un grand cœur qu’une coquine abuse ;
C’est un cœur héroïque, amoureux d’idéal,
Et qui souffre de voir le mensonge et le mal.
Un grotesque doublé d’une bête féroce,
C’est Tartuffe. Don Juan est charmant, mais atroce ;
Et Béline saurait, si vous changez son nom,
Servir à l’empereur son dernier champignon.




Car ce qui fait aux yeux surgir la tragédie,
Ce n’est point une phrase épurée, arrondie,
Ni le marbre « pompeux » d’un portique royal,
Ni le sang, le poison, et « le poignard fatal ».
C’est, quels que soient ses mœurs, ses habits et son style
Où qu’il demeure, aux champs, à la cour, à la ville,
Un homme étudié dans l’antre de son cœur.
Et c’est cet homme-là, juge au rire vainqueur,