Page:Lemaître - Poésies, 1896.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

108
les médaillons

« Jupiter tout-puissant, Roi du céleste empire,
Bienheureux Immortels, accourez, venez rire !
Mars est pris ! Vénus l’aime, hélas ! parce qu’il est
Bien fait et leste ; et moi, je suis infirme et laid
Et je n’ai que rebuts de la Déesse blonde.
Ah ! pourquoi mes parents m’ont-ils donc mis au monde ?
Est-ce ma faute, à moi, si je suis fait ainsi ?
Or, voyez de quel front ils sont couchés ici
Sur mon lit, dans ma chambre ! Oh ! l’étrange supplice !…
Mais, j’en jure l’enfer ! la gueuse et son complice
Bientôt ne voudront plus, même pour un moment,
D’un tel repos, encor qu’ils s’aiment tendrement.
Je me venge, je suis content, quoique je pleure !
Mes filets les tiendront prisonniers, jusqu’à l’heure
Où le père douteux de cette saleté
M’aura rendu l’argent qu’en ma simplicité
J’offris pour obtenir la main d’une femelle
Aussi vile que blanche, aussi fausse que belle ! »