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Les misérables !… Pauvre prince !… Pauvre pays !… »

Hermann reprit ;

— Rassurez-vous, messieurs. Pas une goutte de sang n’a été versée. L’opinion publique a sanctionné le vote de la Chambre des communes. Le duc Edouard n’a couru aucun danger. On l’a courtoisement embarqué pour le continent. Sa liste civile lui a été maintenue. Ce fut une stupeur, puis un redoublement de colère. Ainsi cette révolution n’avait pas même été sanglante ! Cette absence de violences était pire que tout. Où va le monde si les révolutions y deviennent légales ? Pourquoi n’avait-il pas résisté, ce petit duc ? Pourquoi n’avait-il obligé personne à se faire tuer pour lui ? Sourdement, on l’accusait de mollesse, quelques-uns de lâcheté. Des uniformes murmuraient : « Attendons ! » rêvant de futurs désastres pour ce pays scandaleux où les choses avaient le front de se passer si tranquillement.

— Très curieux, n’est-ce pas ? dit Hermann à mi-voix en se tournant vers l’ambassadeur de la République française. L’Angleterre vient d’inventer, ou presque, une nouvelle espèce de révolutions : celles où les peuples seront polis et les princes résignés. Une révolution ne