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peut-être qu’un souverain pourrait le faire. Remarquez que cela n’a jamais été essayé avec une entière bonne foi : toujours les souverains qui ont entrepris les réformes ont eu une arrière-pensée, se sont fixé des limites qu’ils ne voulaient point dépasser. Ne serait-ce pas original, mon cher seigneur, de faire ce que nul prince n’a osé jusqu’à présent et, d’aller jusqu’au bout de votre charité ?

— Et de me supprimer moi-même ? fit Hermann en souriant.

— Oh ! non, pas tout de suite, répondit Frida avec ingénuité.

Et, redevenue songeuse et comme attentive à une vision intérieure :

— Après… je ne sais pas…

— Cela vous est donc, tout à fait égal que je sois prince, Frida ?

— Non, mon ami. Je suis heureuse, au contraire, que vous soyez puissant, que vous occupiez sur terre la place que les hommes envient et honorent le plus. Mais, en même temps… faut-il tout dire ?… une chose m’inquiète. Si vous alliez croire que je vous aime parce que vous êtes prince ! Ou bien si, à mon insu, c’était en effet à cause de cela que je vous aime ?