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épées, et de rapides échanges d’étincelles entre les diamants des femmes et les plaques des danseurs.

Hermann se disait que, parmi les privilégiés qui étaient là, il n’y avait personne peut-être à qui il n’inspirât une défiance secrète ou avouée et qui ne dût lui être ennemi dès qu’il aurait fait connaître ses desseins.

— S’ils savaient en l’honneur de quoi ils dansent ! songeait-il.

Il s’était dégagé du cercle des diplomates et des grands officiers de cour. Il s’approcha d’une petite femme encore jeune, assez jolie, mais de figure souffreteuse, assise à l’écart.

C’était la princesse Gertrude, femme du prince Otto.

Elle venait de se débarrasser de ses demoiselles d’honneur en leur permettant d’aller danser toutes à la fois (« Car je ne suis pas amusante, mes pauvres petites ! ») et elle regardait, la fête d’un œil atone, l’air absent.

Mais elle eut, en tendant la main à Hermann, un bon sourire presque gai.

— Merci de ce que vous avez encore fait pour moi, dit-elle.

Elle était toujours sans le sou, Otto lui extorquant tout à mesure, et souvent même elle n’avait