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ce malheureux pays semblent terminées, plutôt par l’impossibilité où se trouvent les ouvriers de continuer la lutte que par les concessions des patrons, qui ont été insuffisantes…

Le comte de Moellnitz protesta d’un sourire mince et d’un discret hochement du menton.

— C’est du moins mon avis, poursuivit Hermann. Un grand apaisement s’est produit dès qu’on a su que le roi avait dessein de me déléguer ses pouvoirs. Le peuple attend. Par toute ma conduite passée et par tout ce que j’ai laissé deviner de mes sentiments, j’ai pris envers lui une sorte d’engagement tacite. Je le tiendrai. Cette idée s’est répandue parmi les travailleurs que la solution des questions sociales dépendait d’une réforme préalable des institutions politiques. Cette vue n’est point fausse. Je vais soumettre à l’assemblée consultative, dont je vous ai fait connaître la composition, deux projets connexes : un projet de loi électorale et un projet de loi instituant pour commencer un _minimum_ de régime représentatif. Voici ces deux projets.

Le prince remua des papiers sur son bureau. Le comte de Moellnitz avait attendu, sans broncher, la fin de ce discours. Son mince sourire continuait d’exprimer la sécurité intellectuelle d’