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pour quelques-uns sont simultanément réalisables. L’Amérique (je parle surtout des États-Unis) est libre des servitudes de toute sorte que notre longue histoire fait peser sur nous. Le gaspillage des forces y est moindre que partout ailleurs. Pas d’armée, presque pas d’impôts, la machine gouvernementale réduite au minimum. Le paupérisme n’est connu que dans quelques grandes villes où s’entassent les immigrants. Pas de classes ni de castes. Les relations sociales ne sont ici que le résultat des rapports naturels d’intérêt ou de sympathie entre les individus ; elles ne sont pas réglées, comme chez nous, par des préjugés séculaires, à l’origine desquels on trouverait l’injustice et la violence. Ici la créature humaine est intacte ou peut le redevenir.

« La vie y est bonne, à la fois confortable et près de la nature, et ennoblie par l’audace et par le mépris de la mort. Le sol, presque vierge encore, est presque illimité, et les aspects en sont d’une majesté inexprimable. Nous avons des fleuves aussi vastes que des lacs, des lacs aussi vastes que des océans, des montagnes qui ont dix fois l’étendue des Alpes et qui sont comme l’épine dorsale de la Terre. Et, pour exploiter ce monde neuf, nous