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fut de la mener au cirque. Pendant toute la représentation, elle garda ma main dans la sienne. Mais le lendemain elle disparut, en me laissant une lettre où elle m’expliquait loyalement qu’elle ne pouvait renoncer à son art, qu’elle rentrait au cirque, que c’était plus fort qu’elle et que, malgré cela, elle m’aimait bien, qu’elle souhaitait que son départ ne me fît pas trop de peine et que, d’ailleurs, elle me serait fidèle éternellement. Et je sentis qu’elle disait la vérité.

« J’en ai fini, j’espère, avec les complications sentimentales. Mon amour pour la petite Tosti n’était pas encore assez simple. J’ai trouvé une belle mulâtresse, parfaitement stupide et docile. Cela me suffit.

« J’ai découvert enfin la seule vie qui me convienne. Dans une région disponible de l’État de X…, je me suis taillé un domaine de trois mille hectares. Le site est d’une extrême magnificence. J’y cultiverai les céréales et nourrirai de vastes troupeaux, en appliquant à la culture et à l’élevage les plus récents procédés de la science et de l’industrie, Et là, vraiment, je serai prince.

« Je pense à toi très souvent, mon cher Hermann. J’ai vu, par les dernières dépêches que