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— Donnez.

— A quoi bon ?

Hellborn remit dans sa poche la lettre et les papiers et boutonna sa redingote.

— Je pense, dit-il, à une chose. Il n’est pas impossible que le prince Renaud, quand il apprendra la double mort qui a fait de lui, en un jour, le second héritier du trône, se ravise et soit pris du désir de revivre. Il n’est pas impossible non plus que la princesse Wilhelmine rencontre de telles difficultés dans son rôle de régente qu’elle finisse par y renoncer. Et, dans ce cas, c’est le prince Renaud qui la remplacerait. Que dis-je ? il n’est pas impossible que le petit prince Wilhelm, faible et maladif comme il est… Eh ! oui, tout arrive. Or (je parle très sérieusement) il serait tout à fait contraire au bien du royaume que le prince Renaud, dont vous connaissez les idées bizarres, arrivât au pouvoir. Heureusement, ces papiers, parfaitement en règle, permettent de le tenir pour mort, quoi qu’il fasse. Au besoin, s’il s’avisait de venir déranger nos affaires, on le rembarquerait poliment, comme usurpateur d’un faux titre… Ainsi, la tranquillité serait assurée pour longtemps aux bons serviteurs de l’État--qui en seraient alors les