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du comte de Moellnitz serait de l’écarter du nouveau ministère. Du jour au lendemain, la belle comtesse, avec cette facilité qu’ont certaines femmes pour oublier les faveurs qu’elles ont accordées, l’avait traité en indifférent, presque en importun.

Ce ne fut donc qu’à force d’insistance et en invoquant des motifs considérables et mystérieux qu’il put obtenir de la comtesse un entretien particulier, un mois environ après le drame d’Orsova.

Elle était vêtue de crêpe de Chine vert pâle brodé de grandes chauves-souris noires, et elle lisait ou paraissait lire l’_Endymion_ de lord Beaconsfield, en fumant des cigarettes opiacées. Hellborn lui baisa la main avec des lenteurs qui voulaient être significatives. Elle le laissa faire, nullement émue.

Alors il entra brusquement en matière :

— Je suppose que votre mari n’a pas l’intention de me garder un portefeuille ?

— Je ne pense pas, dit-elle.

— Je vous dirais bien que j’en prends aisément mon parti, car les circonstances sont peu engageantes… Mais, auparavant, j’ai une communication à vous faire.

— Voyons.