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— Eh ! quoi ? sire, la condamner, maintenant que vous la savez innocente ?

— Audotia n’est point innocente.

— Elle l’est de la mort du prince… Depuis son arrestation, cette pensée me torturait qu’une autre pût être condamnée pour un crime qui est mien, et, si vous ne m’aviez forcée tout à l’heure à confesser la vérité, j’espère que Dieu m’aurait donné le courage de me dénoncer avant le jugement d’Audotia.

— Cette femme, dit le roi, a mille fois auparavant mérité la mort, et, du reste, si elle n’était pendue comme meurtrière, elle le serait comme instigatrice du meurtre. Nous ne lui faisons donc aucun tort. Mais il importe qu’elle soit condamnée comme régicide de fait. La raison d’État l’exige.

— La raison d’État ? Mais cela est horrible !… Car, enfin, si Audotia n’était jugée que sur ses aveux et sur les charges relevées contre elle, êtes-vous sûr qu’en effet le tribunal prononcerait la condamnation capitale ?… Elle mérite la mort, soit ; mais vous ne pouvez l’y envoyer que par un mensonge public… La morale des rois n’est-elle donc pas la même que celle des autres hommes ?

— Non, madame, vous le savez bien ; et c’