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dont je suis sûre, de m’attendre, sur les huit heures du soir, en dehors des jardins, avec la voiture de service. A l’angle du parc d’Orsova, je suis descendue. J’ai suivi le mur pendant quelques minutes, jusqu’à une poterne qui n’était fermée qu’au loquet. Je suis allée droit à la villa… La nuit était douce, et la porte du _window_ était restée ouverte… Je les ai vus par le vitrage, elle et lui, et, comme le salon était éclairé, ils ne pouvaient me voir… J’ai vu et entendu… J’ai entendu ce qu’elle disait à Hermann et ce que Hermann lui répondait… Je vous jure sur mon salut éternel que ce qu’elle me prenait, ce n’était pas seulement le cœur de mon mari, mais son honneur, et sa couronne, et celle de mon fils… Je suis entrée… J’ai crié, je me souviens : « Ah ! misérable, misérable fille ! » Je l’ai traité, lui, de lâche et de déserteur… Je ne sais plus bien ce qu’il a répondu… Elle s’était blottie contre lui, et il l’entraînait vers la porte, en tournant sur moi des yeux pleins de terreur et de haine… J’ai compris que c’était fini ; que, si je le laissais partir, il ne reviendrait plus ; enfin que j’assistais au plus grand crime que puisse commettre un roi… Il fallait, il fallait empêcher cela… Ce que j’ai fait alors, comment l’ai-je pu faire ? Je