Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

me suis levé ; mais, avant de sortir, j’ai eu l’idée d’aller jeter un coup d’œil dans la chambre de ma petite-fille, et… Enfin, j’ai vu que ma petite-fille n’était pas dans son lit.

Kate protesta, têtue :

— Moi, je n’étais pas dans mon lit ?

— Non !

— Si on peut dire !

— Tais-toi, dit l’aïeul, et ne mens pas.

— Et ensuite ? interrogea le roi.

— Je suis sorti avec mon fusil ; j’ai vu un homme sur l’échelle du grenier. J’ai crié : « Qui vive ? » Il n’a rien répondu et s’est mis à descendre très vite. J’ai songé : « Ou c’est un galant, ou c’est un voleur, ou c’est un homme qui vient espionner monseigneur le prince royal. Et, dans les trois cas, je n’ai qu’une chose à faire. » J’ai donc tiré. L’homme est tombé. Il s’est relevé et s’est traîné vers les arbres. Je l’ai poursuivi et ramassé, mort.

— L’avez-vous reconnu à ce moment-là ?

— Sire, je vous dirai tout. La lune était dans son plein : j’ai pu examiner le visage du mort, et j’ai eu comme un soupçon que c’était Son Altesse Royale le prince Otto. Et c’est pour cela que j’ai refusé de répondre.

— Par peur ?