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Le peuple d’Alfanie a témoigné jusqu’ici qu’il m’aimait. C’est son consentement, c’est l’accord de sa pensée avec la mienne qui me confère mon droit divin. Après tout, cela revient au même, si vous y réfléchissez. Ayons donc confiance.

— Mais, s’il arrivait que votre pensée se trouvât en opposition avec celle d’une portion considérable de votre peuple, de la plus aveugle et de la plus dominée par ses instincts, que feriez-vous ?

— Ce ne pourrait être qu’un malentendu, puisque je ne voudrai jamais que leur bien. Ce malentendu, je m’appliquerais à le dissiper par quelque témoignage éclatant de ma charité pour eux.

— Et, s’ils refusaient de comprendre ?

— Je leur imposerais ma volonté, la sachant droite et bonne.

— Même par la force ?

— J’ai confiance qu’ils ne me réduiront jamais à cette nécessité.

— S’ils vous y réduisaient, pourtant ?

— Je serais alors le plus malheureux des hommes, mais je ferais mon devoir.

— Oui, mais, rien qu’en y songeant, vous êtes d’avance épouvanté. Pourquoi, sinon parce que votre volonté et votre jugement n’ont point d’appui en dehors de vous-même ? Il y a dans le