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« Jusqu’ici, Günther et Kate se sont enfermés dans un mutisme de brutes. On espère que la solitude aura raison de cet entêtement.

« Quant à Frida de Thalberg, on a des raisons sérieuses de la croire réfugiée à Londres ou à Paris. »

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Telle était l’interprétation officielle du « mystère d’Orsova ». Elle ne satisfaisait qu’à demi le vieux roi. Cette invention d’un « guet-apens » socialiste soutenait mal l’examen, prêtait à trop d’objections quand on voulait la préciser. Peut-être la coïncidence mélodramatique des deux meurtres n’était-elle, après tout, qu’un effet du hasard ? Chaque meurtre devait alors s’expliquer séparément. Christian était tenté de croire qu’Audotia disait la vérité lorsqu’elle niait avoir assassiné le prince Hermann. Quel intérêt avait-elle à s’obstiner dans des dénégations qui ne sauveraient point sa tête, puisqu’elle se reconnaissait complice de fait et de désir et que cela suffirait pour sa condamnation à mort ? D’autre part, la correspondance de Frida et d’Hermann, que le roi avait entre les mains, éloignait l’idée que mademoiselle de Thalberg eût tué son platonique amant par fanatisme révolutionnaire. Pourtant, selon toute apparence,