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éprouva surtout un sentiment de curiosité badaude et ne vit guère dans le double régicide qu’un « fait divers » exceptionnel ; mais l’effet de cette curiosité fut précisément celui que le roi avait attendu d’un autre sentiment. Toute l’Alfanie oublia pendant quinze jours les questions politiques et sociales et laissa son gouvernement à peu près tranquille.

Soit habileté, soit conviction, le roi avait émis l’hypothèse d’un guet-apens socialiste, et l’enquête fut dirigée d’après cette idée préconçue. Les faits semblèrent d’abord s’y ajuster. Mais on ne pouvait les révéler au public sans lui apprendre en même temps certaines particularités secrètes de la vie des deux princes, ni dénoncer les ennemis de l’État sans laisser deviner les faiblesses privées de leurs victimes. Le roi consentit sans hésitation à ce que les voiles fussent du moins soulevés à demi, persuadé qu’un intérêt supérieur lui commandait de braver, en cette circonstance, l’injurieuse indiscrétion des commentaires publics.

Les journaux de Marbourg publièrent donc successivement les notes suivantes :

« L’instruction de l’affaire d’Orsova a fait un grand