Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

idée, son intelligence s’était remise en branle ; du premier coup, il avait conçu comme présent et réel tout le malheur possible et, l’ayant conçu, l’émotion qu’il en avait éprouvée avait communiqué à tout son corps un frisson sauveur, si bien que l’horreur des choses qu’il entrevoyait s’accompagnait en lui du sentiment et de la joie involontaire d’un peu de vie retrouvée.

La langue déliée à demi, il put articuler :

— Ainsi… c’est au pire malheur… que je dois m’attendre ?

Wilhelmine ne répondait pas.

Alors le vieillard prononça distinctement :

— Dans la situation actuelle du royaume, la mort même de mes fils ne serait peut-être pas le pire malheur…