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empaquetées dans des couvertures, et regardait par la fenêtre la pluie ruisseler sur les épaules de bronze d’Hermann II et couvrir d’un voile de désolation la pompeuse assemblée des marbres et les hautes murailles des quinconces séculaires… Quand Wilhelmine s’approcha, il la vit si blême et si défaite qu’il secoua sa torpeur et qu’une inquiétude aviva ses yeux opaques.

Elle comprit :

— Votre petit-fils va bien, dit-elle. Ce n’est pas de lui qu’il s’agit, mais de vos deux fils.

Elle hésita, cherchant ses mots :

— On ne peut vous taire… ce qui est arrivé… Dieu nous afflige, mon père…

Les larmes la gagnaient. Le vieillard, la face tendue par un grand effort et la langue encore embarrassée, interrogea :

— Hermann ?

Wilhelmine voulait parler et ne pouvait plus… Elle s’affaissa en sanglotant près du vieux roi.

Les regards du malade s’éclaircissaient peu à peu ; sur les bras du fauteuil, ses doigts noueux remuaient avec lenteur ; un sourd travail se faisait dans ses membres paralysés… Apparemment, sous le heurt soudain d’une tragique