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appartient, et je suis votre servante ; mais ne me demandez pas cela, si vous m’aimez.

— Je t’aime, et je te veux. N’es-tu pas ma vraie femme, la compagne de mon esprit et de mon cœur ? Doutes-tu de moi ? Te faut-il des serments ?

— Non, Hermann… Mais… comment dire ? il me semble qu’après cela je me trouverais liée à toi par autre chose que ma volonté et qu’ainsi je serais moins à toi, puisque je serais à toi moins librement… Et puis… tu viens de le dire, nous nous cachons comme des coupables ; pour venir ici, je trompe mon grand-oncle, qui me croit chez une amie que je force, elle aussi, à mentir. Nous vivons dans le mensonge : c’est bien assez. Je ne veux pas du moins vivre dans la trahison. Cela nous porterait malheur.

— Celle à qui tu penses, Frida, ne souffrira pas davantage si tu es un peu plus à moi. Ne doit-elle pas se croire dès maintenant trahie ? Que ce soit vrai ou non, pour elle c’est tout un.

— Mais non pour moi, Hermann. Je veux bien qu’elle me haïsse, ou même qu’elle me méprise, mais je ne veux pas lui en avoir donné le droit. Je consens à être avilie dans sa