Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui se cherchaient dans la solitude avec une ardente tristesse…

— Et moi, dit Hermann, je ne vis plus que par vous. Ces angoisses mêmes dont je vous fais le pitoyable aveu, elles me viennent un peu de vous. Vous seule pouvez donc les apaiser… Oh ! aie bien pitié de moi, car je suis plus seul et plus abandonné que le mendiant des grandes routes… Oh ! ta voix… tes yeux… la bouche !… La douceur de caresser tes cheveux, de reposer contre ta poitrine, de te sentir à moi… toute à moi, n’est-ce pas ?

— Hermann !

Il la saisit par ses frêles poignets, et, comme, agenouillée, elle se renversait en arrière, il se pencha sur elle, sur son front nimbé d’or rouge, sur ses yeux de la couleur des lacs où se mirent de pâles verdures, sur ses petites dents si brillantes entre ses lèvres écartées :

— Ne vois-tu pas que j’ai besoin de ton baiser et qu’il faut me délier de ma promesse ? Quelqu’un qui nous verrait ne nous prendrait-il pas pour des amants ?… Pourquoi nous cachons-nous ?… Ne serais-tu pas déjà perdue, aux yeux des pharisiens, par ce que tu as fait pour moi ?… Frida, au nom de ma tristesse, ne me repousse pas aujourd’hui.