Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’ailes, elle chantait la romance de _Tanhaüser_ :

  O douce étoile, feu du soir,
  Viens nous guider dans le devoir…

et elle se répétait ces médiocres paroles comme un avertissement et une exhortation, lorsque le prince Hermann entra. Elle courut à lui et le débarrassa de son manteau. Il voulut l’embrasser, mais elle lui prit les mains et les couvrit de baisers. Puis elle l’entraîna vers le coin du salon qu’éclairait la lampe posée sur une console, le fit asseoir sur le canapé et s’assit elle-même sur une chaise basse, à ses pieds.

— Mon Dieu ! dit-elle, comme vous êtes pâle ! Seriez vous malade ?

— Non… Je suis content d’être ici… Ici seulement je suis chez moi, ici seulement je suis bien.

Mais il haletait en disant cela, et ses yeux étaient pleins de fièvre. Il essaya de sourire :

— Qu’avez-vous fait, Frida, tous ces jours-ci, en m’attendant ?

— Eh bien, je vous ai attendu. C’est une occupation qui suffit à remplir mes journées, je vous assure. Et vous ?