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sacrifice de sa vie… Moi, je ne tiens pas à la mienne.

Elle continua, d’un ton plus âpre :

— Ah ! ah ! cela est facile et charmant d’aimer la justice et d’avoir pitié des opprimés quand tout se passe en rêves et en belles paroles. Vous avez cru que cela durerait toujours, et, quand il s’agit de mettre pour de bon la main à l’ouvrage et de tuer ou de mourir, cela vous paraît dur, vous faites la dégoûtée, et votre tendre cœur se révolte… Ah ! ah ! qui donc est lâche de nous deux ?

— Allez-vous-en, reprit Frida. Allez-vous-en !

La vieille femme ne bougea point. Mais sa voix se fit moins rude :

— Décidément, vous refusez, Frida ?

— Ah ! oui, je refuse.

— Alors, venez avec moi.

— Avec vous ?

— Mais oui, avec moi. Des amis nous attendent non loin d’ici, à l’auberge qui est au point de jonction des routes de Steinbach et de Kirchdorf… Je vous avais crue plus forte. N’en parlons plus… Mais, puisque le coeur vous manque pour accomplir ce que nous attendions de vous, vous n’avez plus rien à faire ici.

— Mais…