— En doutez-vous, ma mère ?
— Ainsi, il est toujours svai que vous avez pitié des opprimés ?
— De tout mon cœur.
— Que vous les aimez plus que tout au monde ?
— Je le crois.
— Et que vous seriez capable de vous sacrifier tout entière à la sainte cause ?
— Je l’espère, dit Frida un peu inquiète.
— Alors, venez, dit la vieille femme.
Et elle effleura d’un baiser de religieuse le front de la jeune fille.
— Mais vous, dit Frida, qu’êtes-vous devenue depuis que nous nous sommes quittées ? Comment êtes-vous venue à Marbourg ? Comment y avez-vous vécu ?
— J’ai fait la classe à des enfants, et les pauvres m’ont nourrie… Mais qu’est-ce que cela fait ? J’ai pu vivre, puisque me voici. Il est question de bien autre chose !
Et, rapidement, d’une voix qui martelait les mots :
— Le moment est venu d’agir… Le peuple a tant souffert qu’il est prêt… Plus tôt que je n’aurais cru… Jamais l’occasion ne sera meilleure… Le peuple, enfin, touche du doigt son rêve…