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— Est-ce que vous croyez qu’elle a lieu d’être malheureuse ?

— Comment saurais-je cela, madame ?

— Je vous supplie de répondre, Günther. Votre réponse m’importe beaucoup, mais beaucoup ! parce que vous avez l’âme droite et que, moi, je vous estime.

Et, prenant tout à coup son parti :

— Quand le prince vient ici, que pensez-vous de lui et de moi ?

Günther était fort troublé :

— Je ne pense rien, madame. Les grands sont les grands, et je ne sais pas ce que je ferais si j’étais prince…

Elle l’arrêta sur ce mot :

— Il ne faut pas dire cela, Günther. Les princes sont des hommes, et vous avez le droit de les juger d’après l’idée que vous vous faites du bien et du mal.

Mais Günther se dérobait :

— Je suis entièrement dévoué à monseigneur. J’exécute les consignes qu’il me donne, sans faire d’observation, même au dedans de moi. Je n’ai pas besoin de savoir pour obéir.

Il ajouta, comme malgré lui :

— Et, même, j’aime autant ne pas savoir.