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elle vivait : mais elle était sûre que, même alors, Frida ne l’eût pas traitée rudement. Et, enfin, depuis qu’elle soupçonnait Frida d’avoir un amant, sans croire pour cela la distance morale abrégée entre elles deux, Kate la chérissait encore davantage.

— Ça m’aurait surpris si elle s’était fait tirer l’oreille, grogna Günther. Allons, va, et ne t’attarde pas à causer avec les garçons.

— Ça lui arrive donc quelquefois ? dit Frida.

— Que trop, madame.

— Mais Kate est une fille sage, et elle sait ce qu’il est permis de dire et d’entendre.

— Pardi ! fit la ribaude.

— Vous croyez toujours le bien, vous, madame, dit le garde.

— C’est meilleur que de croire le mal, et ça ne coûte pas plus cher. Et, parfois, on fait naître le bien en y croyant… Allez, Kate, et ne soyez pas trop longtemps tout de même.

Quand la fille fut sortie :

— Vous êtes trop bonne pour elle, madame, dit le vieux.

— Et vous, un peu grondeur et défiant, Günther.

— J’ai mes raisons pour ça, madame… Elle n’a plus que moi ; je n’ai plus qu’elle. Sa sagesse