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— Cela n’a rien à voir avec le respect. Günther… Et puis, moi, ce n’est pas votre respect que je veux : c’est votre amitié.

— Oh ! madame… fit Günther tout étourdi.

— C’est comme cela. Avez-vous fini de ranger ici ?

— A peu près, madame.

— Merci… Ah ! Kate, voulez-vous être gentille ?

— Mais oui, madame.

— Il n’y a plus du tout de gâteaux à thé, mon enfant. Voulez-vous aller en chercher à Steinbach ?

— J’y vais tout de suite, madame.

Kate n’était pas seulement ravie d’aller flâner un peu : elle était contente d’obéir à Frida, qu’elle aimait pour sa grâce et sa bonté, et pour d’autres raisons encore dont elle ne se rendait pas clairement compte. Par tout ce que Frida, dans ses propos familiers, laissait entrevoir de ses rêves humanitaires et de ses utopies charitables, Kate devinait confusément que les idées de sa maîtresse impliquaient une tolérance candide et presque illimitée. Sans doute la grâce chaste de Frida inspirait à la ribaude un respect involontaire, et elle eût été écrasée de honte, pensait-elle, si la dame avait su comment