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un peu peur. Quant à Otto, le sang fouetté au premier regard de cette ribaude négligée qui suait le vice ingénu par tous les pores, il avait reconnu ce qu’il cherchait : la possibilité d’une sensation inéprouvée.

… La gifle de Günther était restée en l’air. La belle fille s’approcha du vieux et l’embrassa sur ses deux joues tannées. Le vieux se laissa faire, grommelant encore, mais sans conviction.

— Grand-père, interrogea-t-elle d’une voix câline, vous savez ce qu’on dit, que les princes sont à Loewenbrunn avec la princesse Wilhelmine ?

— Oui… Oui… Qu’est-ce que ça te fait ?

— Vous les connaissez ? insista-t-elle.

— Si je les connais !

— Vous les avez vus souvent ?

— J’ai vu le prince Hermann tout petit, quand j’étais soldat. Je l’ai vu encore un peu plus tard, quand j’étais brosseur d’un des officiers d’ordonnance du roi… J’ai aussi rencontré le prince Otto par-ci par-là.

— Comment sont-ils ?

—… Comme tout le monde… Mais dépêchons-nous. Madame va rentrer. Elle est allée cueillir des bouquets.

— Alors nous avons le temps. En voilà une qui aime les fleurs !